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2 septembre 2013 1 02 /09 /septembre /2013 18:57

Le Savoir-vivre et le Protocole vous intéressent ? Vous voulez en savoir plus ?  Consultez le site de notre Association  www.savoirvivreplus.com 

 

 

Mflecherbonnier@hotmail.fr

 

COMMENT  REUSSIR UN  DISCOURS ET PASSIONNER LE PUBLIC ?

Les élus ont constamment des discours à prononcer. Peu y sont à l’aise. Voici les bases de la leçon de rhétorique que je leur propose quand ils font  appel à moi comme cela a eu récemment lieu au Palais des Congrès (congrès de Cités Unies France, 2 juillet 2013). 

Comment séduire et convaincre un auditoire ?

L’art de la rhétorique s’enseignait encore au 19e siècle, il a brillé sous la Troisième République avec des hommes politiques dont la magie du verbe est restée légendaire : Jean Jaurès, Aristide Briand…Aujourd’hui la tradition reprend, encouragée par les campagnes présidentielles qui exigent de toucher le cœur et l’esprit d’immenses foules. On  voit et on entend certains de nos leaders contemporains renouer avec le lyrisme d’antan.

Pierre Mauroy, qui vient de nous quitter, faisait partie de ces orateurs populaires attachés à l’éloquence républicaine. Quels étaient ses secrets ? Le maire de Lille soignait tout particulièrement l’ouverture de son discours, veillait avec  le plus grand soin à utiliser le bon mot pour la bonne personne dans ses salutations. Son but était ensuite de capter son auditoire, fidèle ici à une antique règle de la rhétorique qui veut que l’on se mette à la place de son public quand on s’adresse à lui.  Comment captiver l’attention d’autrui, comment séduire ? Bien entendu les idées l’emportent, mais aucune idée n’atteint son but si elle n’est pas soutenue par le rythme, animée par le mouvement à la fois fait d’envolées, de poses  et de ruptures. En un mot un discours est émotion, émotion et émotion.

Cultiver sa voix et sa respiration  

 L’art de l’orateur est proche de celui du comédien. C’est une performance au sens propre, une performance où doivent s’exprimer l’individualité et la singularité de celui qui porte la parole. Un bon orateur sait utiliser sa voix, que  celle-ci soit douce ou rude, sourde ou claire. Il saura jouer de toute sa gamme, de l’aigu au grave. Il articulera bien tous les mots, distinguera bien les parties de sa phrase. Il adaptera son ton, son rythme, son élocution aux différentes phases de son discours : l’exorde demande une prononciation claire et apaisée ;  la narration, une tonalité simple et unie ; la démonstration exige de la chaleur, de la vivacité, de la force, voire de la passion. C’est à ce moment-là, celui où on argumente et on prouve,  que s’obtient l’adhésion. Attention toutefois à l’outrance qui détruit ce que la sincérité construit !

La respiration donne sa force à la voix et donne vie au discours. Les orateurs dotés d’un large coffre naturel ont un avantage inné. Les autres doivent apprendre à adapter leur organe à la fonction : éviter les longues périodes qui essoufflent, équilibrer la rapidité et la lenteur. Aristide Briand dont je parlais en introduction, dépourvu de toute puissance phonatoire, a conquis les publics les plus exigeants par la seule virtuosité de ses modulations.

Joindre le geste à la parole 

L’orateur ne fait pas que parler. Il se montre, il s’expose. D’où l’importance cruciale de sa gestuelle. D’abord, il y a la posture du corps, l’affirmation de sa présence. Parfois l’élégance prime, parfois l’autorité, toujours la cohérence entre le propos et l’attitude. Ce qu’on appelle la posture. Il ne faut pas qu’il y ait contradiction entre la teneur des propos et le physique de l’orateur. Le plus visible est le port de tête, le visage. Dans le visage, les yeux. Ce sont eux qui expriment la conviction, la joie, l’amitié, l’enthousiasme, le regret, la tristesse. Leur langage touche le cœur et imprime profondément la mémoire. Autrefois la scène utilisait des masques : ce qui montre que la civilisation a compris depuis bien longtemps que l’émotion se lit sur le visage, le vrai miroir de l’âme.

Des Grecs à la synergologie contemporaine, on a tout dit de l’éclat des yeux, de la position des paupières, des mouvements des lèvres, du jeu des épaules, des bras et des mains. Le langage du corps a été scruté de tout temps : comment bouger ? quand ne pas bouger ? quand mouvoir un bras plutôt que les deux ? quand faut-il écarter les doigts, tendre la main vers l’auditoire, élever ou arrondir ses gestes, avancer ses pas, s’appuyer sur ses jambes ?

Bien entendu, le vêtement a aussi sa place. C’est moins la convenance qui fait autorité en la matière que la conformité du paraître à l’être. Le désordre, la négligence ne sont pas reprochés à un orateur qu’habite un feu intérieur, le feu de la conviction contagieuse.

Tout cela s’apprend-il ? Le vieux maître de la rhétorique, Quintilien, se mettait en colère quand on lui parlait de règles. « Qu’y-a-t-il  de plus pitoyable que de s’attacher servilement aux règles ? » s’écriait-il ! Et il ajoutait : « Quel orateur a jamais parlé le  langage de la dialectique ? ». Le media training contemporain lui semblerait une monstrueuse hérésie. Ne parlons pas de ces fameux « éléments de langage » qui n’ont abouti qu’à forger la langue de bois contemporaine. Plus terribles encore : les modèles de discours aseptisés en vente sur Internet.

Ces réserves faites, il existe de grands principes à connaître, qui sont bien utiles pour construire un discours plaisant, touchant et efficace.

Comment commencer son discours et subjuguer le public ?

       Sur quel ton, sur quels arguments commencer son discours ? On a vu que Pierre Mauroy apporte le plus grand soin à ce qu’on appelle l’exorde. C’et le moment de la séduction, il est indispensable de donner une bonne impression, de déclencher la sympathie.

Donc on n’hésitera pas à se montrer aimable, à faire un éloge discret mais senti des personnalités présentes. Elles seront félicitées pour leur dévouement sans faille, pour leur soutien indéfectible. Les plus proches de l’orateur seront traités d’amis, d’alliés, voire de frères. Même les adversaires seront salués avec dignité. On ne retiendra que les éléments positifs dans cette introduction rhétorique. L’enthousiasme de l’orateur ne doit pas pour autant l’emporter immédiatement vers des sommets de lyrisme. Cela viendra plus tard. Pour l’instant il faut modérer l’élan du propos, mesurer l’usage des figures, surtout ne pas être trop long, éviter toute digression.

Cette introduction avenante mise en place, vient la phase de la narration. Il s’agit de rappeler les faits, de rappeler les dates qui ont conduit au présent événement : vœux, commémoration, campagne...On sèmera à profit  le récit d’anecdotes rafraîchissantes, de portraits sympathiques. Dans cette partie, pas d’argumentation. Clair, simple, vraisemblable, le récit ne tend qu’à souligner l’évidence des choses. On ne se perdra pas dans le détail. Deux ou trois souvenirs qui font sourire l’assistance valent mieux que toute longue et oiseuse démonstration. Dans cette partie, dite avec naturel et enjouement, on aura pu glisser quelques figures discrètes, mais sans excès.

Comment argumenter et déchaîner les passions ?

Une fois les faits rappelés, le discours va prendre son envol sur les ailes de la passion. L’orateur désormais s’engage, en tant que premier acteur de la pièce qui se joue et dont il est le principal protagoniste. S’engager veut dire qu’il va s’efforcer de démontrer, d’argumenter, de confirmer ses choix, de réfuter les oppositions. A ce stade il entre dans l’arène de la rhétorique. Les choix opérés jusqu’alors, la mesure, le naturel, vont céder aux puissances de la conviction. Le tribun s’installe à la tribune. Il fera feu de tout bois, images, figures, effets de manche.

Pour asseoir sa démonstration, l’orateur fait le bilan des valeurs qui ont motivé sa vie publique : la raison, le courage, la sagesse, l’esprit de découverte. En célébrant ces valeurs, il dresse un portrait flatteur de lui-même : il est  un homme sage, courageux, prévoyant, raisonnable, ouvert…Toutes ces vertus seront néanmoins placées par lui au crédit non d’un seul homme, mais à celui de ses administrés, de sa ville, de son département, de sa région, de sa famille politique…L’heure est au partage et au consensus.

Le public est au spectacle et s’attend à une belle prestation d’acteur. Les figures d’amplification prospèreront sans entrave, le ton et la gestuelle se libèrent. Quelques belles phrases, parfois des slogans, feront la Une des journaux du lendemain et s’imprimeront dans les mémoires. Attention toutefois à ne pas manipuler les faits ! Le public n’aime pas qu’on triche avec les mots car qui triche avec les mots est immédiatement suspecté de tricher avec les faits. L’orateur a donc intérêt à s’appuyer sur les préférences générales de ses auditeurs pour être cru et compris.

Les thèmes les plus efficaces sont bien connus : nous conduisons notre  action dans l’état d’esprit légué par les anciens et dans le respect des valeurs républicaines, nous savons  tirer habilement parti des circonstances favorables et protéger nos concitoyens des effets de la crise , nous savons  anticiper courageusement  toute une série d’événements pourtant difficiles à  prévoir, nous avons réussi et nous continuerons de réussir grâce à l’aide de personnes dévouées, méritantes et désintéressées, nous vouons corps et âme au développement économique et culturel de notre commune, de notre pays, nous  œuvrons pour les générations futures…

On évoquera sans complexe les débats ayant fait polémique. Bien entendu on ne le fera que si la question a été portée sur la place publique. Sur le plan rhétorique la réfutation des arguments inverses fait partie de la démonstration. Réfuter, c’est confirmer le bien-fondé de son argumentation.

 On ira, s’il le faut, jusqu’ à remercier ses contradicteurs d’avoir opposé des arguments et des interrogations qui ont obligé à un approfondissement du débat.

Comment conclure en apothéose ?     

La péroraison est le délice de l’orateur. Le moment où il prend son plaisir. C’est le couronnement de son discours, la péroraison a pour but d’emporter la conviction de l’auditoire dans un feu d’artifice final.

On reprend les idées fortes du discours et on leur donne un aspect frappant en condensant les mots, en les ranimant par des figures audacieuses. On joue avec les figures de pensée : on se demande si on n’a rien oublié, on fait semblant de ne pas être d’accord avec soi-même, bref on joue au chat et à la souris avec un public conquis et complice. Humour de pure forme, car en même temps, on donnera du pathétique, de la hauteur au propos. Les ruptures de rythme ne sont pas rares dans une péroraison réussie. Ne vous laissez toutefois pas dépasser par l’emphase ou la boursouflure.  Le public sera sensible aux qualités littéraires, artistiques, de la péroraison. Il ne vous pardonnera pas des stratagèmes de bateleur de foire.

Vous voulez vous jeter à l’eau ? En quelques heures je suis capable de vous convaincre des effets positifs de ma méthode ! 

 

© Marie-France Lecherbonnier

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  • Marie-France Lecherbonnier est  auteure, designer et conférencière. Elle anime des séminaires et formations continues en matière de Protocole et Savoir-Vivre en Europe, Asie et Afrique
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  • Marie-France Lecherbonnier est auteure, designer et conférencière. Elle anime des séminaires et formations continues en matière de Protocole et Savoir-Vivre en Europe, Asie et Afrique Présentatrice du magazine télévisé « art de vivre »

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