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LE 15 AOÛT, FETE DE L’ASSOMPTION.
Au cœur de l’été, voici une fête immémoriale, un jour férié que nul ne saurait remettre en cause même si sa justification manque singulièrement de faits probants. Mais faut-il que la raison se mêle de tout ?
Le 15 août, culmine la période des moissons. De même que les autres grandes fêtes du cycle liturgique, comme Noël ou Pâques, cette date célèbre une phase essentielle de la Nature, en l’occurrence le résultat du travail effectué par l’homme dans les champs.
La religion s’empara de la fête profane dès le 6ème siècle. S’imposa son nom chrétien, l’Assomption, à partir d’une croyance selon laquelle Marie, à la fois Vierge et Mère de Jésus, a été « élevée au ciel », sa dépouille ayant, prétend la légende, disparu de sa tombe pour être portée au ciel. Bien qu’aucune source scripturaire sérieuse ne fonde cette légende, l’Eglise en fit un dogme du fait de son éloquente signification symbolique. N’était-ce pas une belle image, une belle métaphore de l’élévation de la Foi vers Dieu ?
Dès le Moyen Age, l’Assomption fut la fête la plus célébrée en France et partout furent édifiées des églises, des cathédrales en l’honneur de Notre Dame. Des dizaines de milliers de filles reçurent chaque année le prénom de Marie. Et que de Mary, de Maria, de Mariska, de Myriam dans le monde…
Le coup de génie politique qui transforma la fête religieuse de l’Assomption en fait historique, est signé Louis XIII. En effet, non seulement il consacra à Notre Dame son royaume mais il demanda, en 1637, à tous ses sujets d’effectuer tous les 15 août une procession dans chaque paroisse afin qu’un fils lui soit donné par le Ciel ! La naissance, un an plus tard, du futur Louis XIV renforça encore le culte marial en France.
La représentation de Marie aspirée par l’azur vient d’une vision de saint jean en son Apocalypse : une femme lui serait apparue dans le ciel, revêtue de soleil, ayant la lune sous les pieds, et sur sa tête une couronne faite de douze étoiles. Les innombrables processions du 15 août, resplendissantes de bleu et de blanc, garderont cette image d’une Vierge céleste soutenue par des anges.
L’époque moderne n’a pas échappé à l’attrait de Marie. En 1854 est proclamé le dogme de l’Immaculée conception qui, en quelque sorte, explique et justifie « l’assomption ».N’ayant pas subi de souillure charnelle, la mère de Dieu, aurait à l’instar de son fils accédé directement au paradis.
Le pape Pie XII institutionnalise en ces termes la fête mariale en 1950
« En l'autorité de notre Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux Apôtres Pierre et
Paul, et par notre propre autorité, nous prononçons, déclarons, et définissons comme un dogme divinement révélé que l'Immaculée Mère de Dieu, la Vierge Marie, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste »
Le dogme est précisé en 1964 par le concile Vatican II :
« Enfin, la Vierge Immaculée, préservée de toute tache de la faute originelle, au terme de sa vie terrestre, fut élevée à la gloire du ciel en son âme et en son corps et elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l'univers afin de ressembler plus parfaitement à son Fils, Seigneur des seigneurs et vainqueur du péché et de la mort. »
L’histoire de Marie n’a pas dit son dernier mot. Croyance profane à l’origine, dogme chrétien, puis fait politique, le culte marial a pris un nouvel essor avec l’Union européenne dont la bannière bleue aux douze étoiles aurait été inspirée par l’iconographie de la Vierge.
© Marie-France Lecherbonnier